ZED clôture SOIXVNT3

Lancé en solo depuis l’entre-deux « BLO », son affirmation sans ses compères du groupe Sevranais a mis du temps. Zed clôture SOIXVNT3, son premier projet. Il a pourtant connu des démarrages en trombe, notamment avec le hit Jauné en featuring avec Booba. Des confirmations régulières sur d’autres collaborations à succès avec Maes, Koba la D, Hamza, ou Niska ont suivi. Mais le premier projet de Zed s’est fait attendre.

SOIXVNT3 part.3 et 2, deux EP de 4 titres sortis en septembre et octobre derniers, ont été complétés ce 12 mai par la partie 1, ce qui clôture le projet « SOIXVNT3 ».

du temps pour se trouver

« Partir tout seul, c’est un travail » disait-il en interview. Porteur de la « nouvelle école » de la trap autour de 2019 avec 13 Block, il avait ses repères dans le groupe. Lui qui n’écrivait que très peu, et posait principalement « des 8 » et des refrains « au feeling ». Il s’est alors retrouvé face à la complexité de créer un morceau de A à Z (sans jeu de mot…). En effet, il faut se trouver.

C’est l’impression que donne SOIXVNT3. La partie 1 (qui constitue les 4 derniers morceaux du projet) met bien en avant la sensation de facilité qui émane du rappeur à gérer mélodies et flows. Néanmoins, un petit sentiment d’inachevé avec des prods qui ne viennent pas sublimer la voix du MC comme on pourrait l’espérer. Le titre « Joli » reste tout de même une réussite.

La partie 2 nous offre plus de solidité et illustre sa polyvalence. « A la base » est un titre très rappé. L’artiste du 93 a la particularité de donner une forme mélodieuse à ses couplets malgré un découpage en bonne et due forme. Le rendu est toujours efficace.

Un peu plus de 7 mois plus tard, la conclusion chronologique de SOIXVNT3 impulse une véritable énergie. L’ambiance des 4 nouveaux morceaux est relativement plus sombre. Les prods semblent plus poussées (Crystaliser) et apportent une plus value aux sons.

Le feat avec Guy2bezbar est efficace. Le son est d’ailleurs clipé, et comme l’a teasé Zed lui-même, « restez jusqu’à la fin ». Un court extrait, à l’ambiance plus club et estivale, vient nous tenir en haleine pour la suite des évènements. Patience, tout le monde sait que le chemin est long.

De 13 à 60. Garder ses Amis d’avant.

Nombreux ont été, dans l’histoire du rap, les artistes ayant fait leur route en solitaire après des débuts en groupes. C’était même le cas pour la majorité des têtes d’affiche des années 2000. Les collectifs de rappeurs étaient monnaie courante lors des décennies 90/2000.

Plus récemment, ce phénomène se raréfie. C’est naturellement dû à la diminution du nombre de groupes dans le paysage du rap français. Pour autant, certains artistes empruntent toujours ce chemin, à l’image de Zed, mais également des autres membres de 13 Block. OldPee, Stavo et Zefor sont toujours productifs. Les deux premiers surtout, avec des projets à leur actif et de nombreuses connexions.

Ce qui semble permettre aux artistes s’aventurant en solo pour la première fois de garder une impulsion suffisante pour réussir, est de garder le lien avec ce qui a fait d’eux ce qu’ils sont maintenant. Les fondements de leur carrière, c’est-à-dire en groupe, peuvent leur permettre d’être un appui solide pour avancer. Il est stimulant de voir que le groupe vit toujours (« il n’en est pas fini de 13 Block ») et que l’énergie qu’il existe entre eux est toujours présente. Les membres du groupe ont répété les feats ensemble dans leurs projets solos respectifs. L’âme de 13 Block existe encore au travers des références comme le morceau Zidane 2 entre Zed et Stavo, ou lorsque Zed encore une fois, mentionne le « bras long » de son couplet dans Petit Cœur.

quand on ne sait pas où on va, vaut-il mieux savoir d’où on vient ?

Nous pouvons retrouver des similitudes avec les rappeurs du groupe 1995, et du collectif L’Entourage. Ils ont mené leurs carrières solo avec le succès qu’on leur connait pour certains, le tout en développant leur propre identité, mais en gardant ce lien avec leur « origine ». Les fans s’y retrouvent. On peut jouer sur la nostalgie, sur des sortes de « private ref » avec eux (on a tenté un remix de la private joke).

Pour certains le chemin est différent, le départ en solo se fait pour d’autres raisons, comme des séparations. La réussite n’est pas pour autant impossible. Les raisons de la séparation de la MZ n’avaient visiblement pas donné envie à Jok’Air de garder un lien fort avec l’entité. Par ailleurs, Elh Kmer a fait récemment parler de lui avec son projet Vivaldi sorti en avril. L’ancien membre du collectif 40000 Gang, signé chez 92i, commençait à se faire remarquer il y a maintenant 8 ans. Le groupe avait sorti un projet (Anarchie), et un comptait un feat sur l’album « DUC » de Booba. Il lui a également fallut du temps pour s’affirmer.

Il n’existe ainsi pas qu’un seul chemin. Celui emprunté par Zed nous donne tout de même bien envie de le suivre.