Abou Tall : “Monsieur Saudade”, un voyage musical entre rap et bossa nova

Plus de trois ans après “Ghetto Chic”, Abou Tall dévoile son deuxième album “Monsieur Saudade”. Un opus teinté de bossa nova où se mêlent amour et mélancolie.

Ce vendredi 23 février marquait la parution du second album studio d’Abou Tall, “Monsieur Saudade”. Sortant des sentiers battus, cet opus de douze titres fait la part belle à deux styles musicaux chers au cœur de l’artiste : rap et bossa nova. 

Si le premier est bien connu du grand public hexagonal, le second, davantage confidentiel en France, se caractérise par son tempo lent et ses rythmes syncopés. Née dans le Brésil des années 1950, la bossa nova fusionne plusieurs genres musicaux, dont la samba, le jazz et la musique classique.

En se plongeant dans la discographie d’Astrud Gilberto, unanimement reconnue comme la reine incontestée du genre, Abou Tall se prend rapidement d’amour pour la bossa nova. “Ce qui est incroyable avec ce genre, c’est que lorsque tu tombes dedans, il est très difficile d’en sortir”, explique-t-il au micro de Légendes Urbaines. “C’est une musique qui touche mon âme, une musique dont je ne me suis jamais lassé.”

Les instruments au cœur du processus

C’est d’ailleurs cet attrait pour la bossa nova qui le pousse à apprendre la guitare peu après la sortie de son premier album, “Ghetto Chic”, en septembre 2020. Une nouvelle passion qui influe alors grandement sur la direction artistique de sa musique. “Je me suis dit qu’il serait intéressant d’incorporer ça dans mon art, afin de proposer quelque chose de frais et d’inédit pour les gens”, confie-t-il au micro de Juliette Fievet. “Et plus je le faisais, plus ça me semblait naturel, et plus je prenais du plaisir à le faire, puisque je réunissais deux musiques chères à mon cœur : le rap et la bossa nova”.

Une ode à la saudade

Sur le plan thématique, la “saudade” imprègne subtilement les douze morceaux qui composent ce second album, comme le suggère son titre. Ce mot, dont il n’existe pas de traduction littérale en français, est défini par le dictionnaire Le Robert comme un “sentiment mélancolique mêlé de rêverie et d’un désir de bonheur imprécis”. 

Ainsi, le mot d’ordre était clair pour l’artiste du 18ème arrondissement : faire tomber le masque. Un exercice difficile, mais essentiel selon lui : “lorsque tu fais un album, tu es obligé de te livrer un peu et de faire preuve de sincérité. Pour moi, une œuvre n’est jamais aussi belle que lorsqu’elle est sincère et qu’on y met de son âme, qu’on y laisse un morceau de soi”.

L’amour dans toutes ses nuances

Plus largement, Abou Tall explore les méandres de l’amour et des sentiments qui en découlent à travers les différents titres de cet album, offrant une réflexion approfondie sur le sujet. Accompagné de Monsieur Nov, il nous conte l’euphorie d’un coup de foudre dans “Mauvais endroit/Real Love”, chantant notamment : “trouver la paix dans le visage d’une femme et sa douceur, si longtemps j’ai cherché puis recherché le real love sans le trouver, tu m’as montré le bon endroit”.

Par ailleurs, l’ancien membre de The Shin Sekaï aborde également la thématique de la rupture amoureuse dans “Goodbye” (en collaboration avec Aupinard), le processus de deuil sentimental dans “Réalise”, les affres d’un amour interdit dans “Maison Margiela”, ainsi que d’émouvantes retrouvailles dans “Dernier train pour Marseille”. 

Une esthétique léchée

Et, puisque “la musique est aujourd’hui tant visuelle qu’auditive” selon ses dires, Abou Tall accorde aussi une grande importance à l’aspect esthétique qui entoure son projet. Au travers d’images au grain rétro, les clips de “Dernier train pour Marseille” et “Réalise” offrent aux spectateurs un voyage immersif dans un univers vintage captivant.

De surcroît, Abou Tall fait de Vincent Cassel le personnage principal du teaser de son album. Un choix loin d’être fortuit, tant l’acteur nourrit une passion profonde pour le Brésil depuis près de quarante ans. Désireux de pousser le concept à son paroxysme, l’interprète de “Maison Margiela” a également transposé son esthétique musicale jusqu’à sa release party, organisé à La Bellevilloise. Un événement auquel (+33)RAP a eu le plaisir d’assister.

 

Photo à la une : ©HenryDiagne

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