Zoom sur TVX, le premier album de Stavo
Fidèle à son art, Stavo dévoile un premier album à l’univers artistique marqué, contant ses bribes de vie avec férocité.
« Merci Stavo pour les travaux« . Initialement utilisée comme gimmick, cette expression a fait son entrée dans le champ lexical de nombreux amateurs de rap. Une marque de fabrique qui ne quitte désormais plus l’artiste de Sevran, qui a baptisé son premier album TVX, acronyme de « Travaux« . Attendu de pied ferme par sa communauté, Stavo a dévoilé son nouvel opus ce vendredi, quelques mois seulement après avoir plongé dans le grand bain en solo.
Une couleur sombre
Le voyage se veut sombre, l’atmosphère elle, est étouffante. Du choix des prods aux thématiques abordées, c’est au cœur d’un univers lugubre que Stavo accompagne son auditoire. Ouvrant l’album par le morceau Silencieux, il n’a besoin que de quelques secondes pour annoncer la couleur : « C’est le ghetto, pas une série« .
Ainsi, l’ambition est claire : dépeindre la vie de rue sous toutes ses coutures. Pour y parvenir, le rappeur peut compter sur ses plus fidèles alliés : une plume aiguisée et des flows millimétrés. C’est d’ailleurs avec précision que ce dernier conte les vestiges de son quotidien d’antan : « la vie de terrain les nerfs solides, l’esprit est trop préoccupé« .
Un vécu en chanson
S’il délivre dans l’ensemble une partition aux contours funestes, Stavo ne manque pas de saupoudrer le tout de quelques touches plus mélodieuses. C’est notamment le cas avec Bidonvilles, dont l’instrumentale au piano et le flow chanté crée un contraste saisissant avec la dureté des propos de l’artiste.
Ce contre-pied, le rappeur signé chez Elektra le prend également sur HLM Ville. Plus doux qu’à l’accoutumée dans la forme, le morceau dresse un panorama de l’envers du décor de la vie de quartier. « C’est un son qui décrit la cité, et plus particulièrement l’intérieur du bâtiment« , explique Stavo dans une interview pour Clique Talk. « On aime représenter le binks et ce qui se trouve tout autour. Mais dans ce son-là, je voulais pour ma part parler de ce qu’il se passe au sein même des logements de ces bâtiments, de ce qu’il se passe chez chaque personne« .
Les retrouvailles
Amateur de football, l’artiste d’origine zaïro-angolaise a également disséminé quelques phases sur le ballon rond tout au long de l’album, citant ainsi l’ancien avant-centre de l’AS Monaco Shabani Nonda, Thierry Henry ou encore Riyad Mahrez sur Triade. Un morceau en featuring avec un autre membre du 13 Block, Zefor, au travers duquel les deux hommes font l’étalage de leur complicité.
Il ne s’agit toutefois pas du seul membre du groupe avec lequel Stavo remet les gants, puisque Zed fait également son apparition sur Michigan. Un titre sur lequel s’est aussi confié l’interprète de Kalenji. « On a voulu faire un morceau qui ressemble à l’identité 13 Block, tout en ramenant un nouveau style, explique-t-il. Pour cela, on a trouvé une instru sur laquelle on ne s’imaginait pas poser à la base. On aime se faire des défis, parce qu’en vérité, quand j’ai écouté l’instrumentale pour la première fois, je n’aimais pas. Ce n’est pas une instrumentale sur laquelle j’aurais moi-même posé.«
Toutefois, la liste des invités ne s’arrête pas aux deux membres de 13 Block, puisqu’Alpha Wann, Freeze Corleone, 1PLIKÉ140, Olazermi, Antaya Lex, Popo et Scrom viennent compléter la tracklist.
Image et musique font la paire
S’il réussit donc à plonger son auditoire dans un univers macabre par le biais de sa musique, Stavo peut aussi s’appuyer sur une imagerie réfléchie. À l’instar de la cover de l’album réalisée par Fifou, dans laquelle il troque son habituelle tenue de sport pour un style plus casual chic, alors qu’apparaissent en arrière-plan un véhicule noir et les immenses conteneurs d’un port. Le lustre, que l’on retrouvait sur les pochettes des volumes I et II de BLO, est quant à lui suspendu à une grue. Un joli clin d’œil à ses frères d’armes, avec qui l’aventure est loin de toucher à sa fin, comme il l’a affirmé à maintes reprises.
Crédit photo à la une : ©FIFOU