Narcisse, le reflet d’un artiste naissant

Vendredi 24 février 2023, une date sûrement anodine pour la plupart d’entre vous, mais pas pour Narcisse. Cette date rime avec les premiers pas dans l’industrie musicale pour le jeune artiste mulhousien, qui nous offre son premier EP « It’s Ok To Be Sad » *.

Dans un premier temps c’est une cover forte qui nous est dévoilé, réalisée par le nouveau rookie du graphisme, fumsecc. On y aperçoit Narcisse, dans un flou qui le définit et qui le suit jusque dans ses rimes.                                                                                                       

Malgré ce côté très solitaire, on y ressent une atmosphère pesante, comme s’il y avait quelqu’un d’autre, ou quelque chose d’autre. L’histoire du « narcisse » originel étant bien connu dans la mythologie, nous pouvons imaginer un écho dans l’histoire tragique de ce dernier.

Rappelons-la toutefois. Narcisse tomba amoureux de son propre reflet au bord du fleuve Céphise. Ne supportant pas le poids de sa beauté, il se suicida d’un coup de poignard au thorax. Le sang qui en coulait fît pousser un narcisse blanc à col rouge. L’histoire grec étant romancé, on peut néanmoins y trouver des points communs avec notre artiste du jour, notamment dans une torture d’esprit certaine qui se fait ressentir dans ses punchlines. Contrairement à l’histoire classique, le rappeur ne prône pas l’égoïsme ou l’amour pour soi, mais plutôt les doutes de tout jeune artiste, les craintes et surtout le mérite du travail accompli. Quand on écoute ce projet, on écoute le quotidien et les défis des jeunes MC’s que l’on adore chez (+33)RAP.

cover « It’s ok to be sad » par fumsecc

un monde commun à tous

C’est accompagné du clip de West que le projet de 4 tracks voit le jour sur les plateformes de streaming. Une vidéo qui va pousser l’EP et lui donner une portée visuelle bien plus forte. Malgré le côté très personnel qui émane du disque, on sent comme une invitation de la part de Narcisse à intégrer son monde ou même sa tête, afin de possiblement mieux le comprendre, mieux appréhender sa musique.

En outre, West constitue l’intro du projet. Un titre aux allures dynamiques, avec un beat très sportif, presque étouffant. C’est avec un drop plein d’énergie que Narcisse nous plonge dans son univers, composé de basses et de femmes aux premiers abords. C’est à la fin du titre que l’artiste commence à se confier à nous par le biais de cette « femme », qui l’expose à des regrets ainsi qu’une profonde remise en question. A bien écouter les 4 titres, on sent une certaine pudeur, une honte ou une crainte de se confier.

Ce masque composé de « Fake smile »** mentionné dans le titre « Ave Maria » concrétise encore un peu plus cette impression de ne pas vouloir trop en dire, malgré un besoin certain d’extérioriser. C’est seulement dans le 3ème titre que Narcisse commence un peu à se dévoiler : « Ce n’est pas grave d’être triste ». Voilà traduit en français, les paroles du refrain, formant un fort contraste avec le début de l’EP.  L’outro « A l’argentique » servira de purge pour l’artiste qui se parle carrément à lui-même. C’est avec une voix douce, et rempli de sincérité qu’il se forge une relation lui permettant de mettre des mots sur ses sentiments, parfois très intimes. Cependant je ne veux pas trop vous en dire, pour vous laisser découvrir cela par vous-même.

*Ce n’est pas grave d’être triste

** Faux sourire

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