Nahir : « Rihan », son éxutoire

Il y a un an, Nahir sortait sa première mixtape, « Intégral ». Il dévoile cette semaine son premier album, qui porte son vrai prénom : « Rihan ». Teasé dans un premier temps avec les clips d’« Adriano » et « Glock » en featuring avec Lacrim, le projet est introspectif, et nous laisse découvrir en 17 morceaux son face à face avec la deuxième version de lui-même.

Un univers sombre

Même s’il s’aventure vers d’autres sonorités, comme sur les mélodieux « DMZ » (produit par Shyne Bangers) et « Claro que sì » en featuring avec Dadju, Nahir reste fidèle à sa recette habituelle : Du kick, de la drill, un flow saccadé et millimétré naviguant sur les instrus à un rythme précisément contrôlé.

« J’fais des méli-mélo, j’manie la mélo mais pour le rap sale on milite »

Nahir – Oh LA D

La plupart des prods sont sombres et réunissent en un album une multitude de producteurs, de Amine Farsi à Ponko en passant par Dst The Danger en compagnie de Jeez Suave et beaucoup d’autres. L’univers est pesant et laisse entrevoir le côté revanchard et sombre d’un Nahir qui veut tout exploser dans le le rap, bien que ce soit selon lui, un monde nauséabond.

« Si j’dois additionner tous les coups bas d’ce milieu d’fils de pute ma calculette aurait dysfonctionné »

Nahir – Rihan vs Nahir

Entre rue, rap et foi

Le rappeur se confie énormément sur cet album. Il aborde la rue et ses côtés néfastes en précisant qu’elle ne lui a rien apporté :

« Des amis qui s’mettent à deux sur un rin-té, qui veulent s’entre tuer quand y a pénurie »

Nahir – Froid

La foi est également très présente dans ses textes, on comprend qu’il fait tout pour la préserver, dans un milieu qui n’est pas propice à la pratique religieuse assidue :

« Malgré les échelons qu’on gravit j’ai les pieds par terre 5 fois par jour, en prosternation »

Nahir – Rihan vs Nahir

Il se préserve aussi des vices du milieu :

« Encore heureux que j’fasse pas ça pour une michetonneuse, c’est pour ça qu’j’me suis marié tôt »

Nahir – Rihan vs Nahir

Nahir évoque également le monde du rap, le succès et ses conséquences. Le sujet de la jalousie qu’ils entrainent revient plusieurs fois dans les différents tracks :

« La jalousie devient maladive, demande à ceux qu’ont pas percé »

Nahir – Interlude 3h42

On sent bien le déchirement de Nahir entre plusieurs mondes qu’il affectionne, et qui sont pourtant (à part la foi) néfastes pour lui.

« C’est froid, c’est dur, malgré ça y en a qui l’aiment, qui la supportent, demande à ceux qui vont crever pour rien »

Nahir – Froid

Qui est Rihan, alias nahir

Ce projet aura finalement servi d’exutoire à Nahir. On ressent bien à travers le titre de l’album sa volonté d’exprimer une dualité entre « Rihan », son réel prénom et « Nahir », son nom de scène. Deux identités qu’il met en confrontation. L’introduction du projet, « Rihan Vs Nahir », produite par Amine Farsi, en est le parfait exemple. Le morceau est construit de sorte que l’on entende d’abord Rihan s’exprimer. On comprend alors ce qui est important pour lui dans la vie, sa famille, sa religion… Puis l’instru change, et Nahir, son côté rappeur qui tient à écraser la concurrence, entre en scène avec la phase :

« J’viens d’Bobigny, comme GLK, Mendosa et Wallen »

Nahir – Rihan vs Nahir

A travers l’abum, Nahir a donc pu nous faire part d’une façon personnelle de ses problématiques de vie. Mais aussi des dualités qui le composent, sa vision de la rue et l’ascension vers le succès tout en nous livrant du pur kickage sur des prods travaillées pour nous plonger au cœur de son univers, et de la personne qu’il est au plus profond de lui-même : Rihan.

Pour finir, même si l’ensemble du projet est très lourd, on vous conseille vivement d’écouter les morceaux « Rihan Vs Nahir », « Interlude 3h42 », et « Moneygram, Part. 2 ».

Article rédigé par Samia Slimani.

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