La fête de la musique 2022 : le rap a enfin une place dans la ville ?

Ce mercredi 22 juin au matin, la France avait un peu la gueule de bois. Car mardi soir, 21 juin, la fête de la musique est venue un peu déranger le quotidien de quelques retraités fâchés, en ville ou en campagne. L’occasion pour l’anniversaire des 40 ans de cette fête, de prouver que le pays respire bien pour la musique, et de plus en plus pour le rap.

2022 : relâchement du Covid et anniversaire

La Fête de la musique fête ses quarante ans. Et pour l’occasion, la France entière dansait, chantait et profitait. Après deux ans de Covid qui ont largement impacté le moral de sa population, Emmanuel Macron prenait la parole à l’Elysée, au cœur d’une soirée chargée. Il félicitait d’ailleurs la personne à l’initiative de cette soirée : Jack Lang, ancien ministre de la culture, présent sur scène : « C’est un formidable succès et ça incite à beaucoup de modestie parce qu’il y a peu de choses dans la vie politique, au fond, qui restent 40 ans après encore et qui sont des pratiques populaires ».

Jack Lang, grande figure de cet événement annuel depuis donc quarante ans, était aussi présent plus tôt dans la soirée à son anniversaire à Lyon et plus précisément à Villeurbanne, Capitale de la culture en 2022. Selon lui « la fête de la musique ne peut pas avoir de meilleure capitale ». En effet, c’est la ville qui a surement le plus vibré au son des enceintes JBL ce soir.

L’ancien ministre de la Culture a également entamé une sorte de « campagne de promotion » de l’événement, se présentant comme le visage de la culture française. Il est notamment passé par Skyrock pour s’exprimer.

S’en est suivit un Planète rap 100% féminin pour l’événement, avec les passages de Chila, Kayna Samet, Lyna Mahem ou Laeti.

Le rap a-t-il enfin trouvé sa place en France ?

Plus que le hip-hop qui piétine encore à imposer sa grandeur, la fête de la musique représente surtout une chance pour les cultures de se mettre enfin en avant.  Qu’elles soient des banlieues, LGBT, on sent que la France avait réellement besoin de s’aérer l’esprit. C’était le cas à l’Institut du monde arabe, où on célébrait la musique et la culture de l’Algérie.

intérêt de l’étranger pour la vie culturelle parisienne, et Française

À Paris, Mehdi Maizi a quant à lui participé à la fête en tant que guest et ambianceur. Invité pour une soirée organisée par RinseFrance dans le 11ème arrondissement. Pour l’occasion Rounnha ou Noumzee l’ont accompagné pour un show de 1h30. Le journaliste/influenceur a entamé une tournée nationale et fait vivre le hip-hop grâce à ses soirées. Camino TV organisait également une soirée, mêlant comme à son habitude, la sape et le rap. Devant le magasin Adidas du Marais (4ème arrondissement), l’équipe a reçu Chinwar et 1Pliké140 pour une soirée haute en couleur. Enfin, à République, l’équipe Londonienne de Corteiz a distribué gratuitement des t-shirts d’une capsule spéciale parisienne durant l’après-midi. La marque proche de Freeze Corleone et du 667, de Lyonzon ou encore de Central Cee a réalisé un gros coup de communication. Démontrant l’intérêt de l’étranger pour la vie culturelle parisienne, et française. 

À Montpellier, un événement d’une grand ampleur a aussi fait bouger la ville. Retransmis sur Francetv, l’énorme scène présente Place de l’Europe à MTP surnommé « Le Grand Concert » a vu une programmation hétérogène grand public. Où Big Flo et Oli étaient prévu. Une ambiance bon enfant, loin des pogos habituels en concert rap. Mais qui aurait pu par sa line-up, permettre à tous de passer une bonne soirée. Point négatif : l’annulation au dernier moment pour des soucis organisationnels de Big Flo et Oli. Ils étaient les seuls représentants du rap durant le concert.

« éviter quelconques « allures de rave party » » 

Preuve que cette démarche n’en est qu’à ses débuts, à Nantes ou à Lille, des petits problèmes ont montré les limites de ce système de « musique pour tous ».

À Nantes d’abord une organisation compliquée perturbée par les forces de l’ordre ont contraint un bon nombre d’événements suite aux hommages rendus à Steve. Ce quarantenaire, décédé des suites de violences policières à la fête de la musique il y a 3 ans, est une autre victime des forces de l’ordre. Auquel ses proches ne pourront pas veiller la mémoire. L’hommage a été rendu impossible par l’intervention de policiers venus en nombre et la soirée a été considérablement freinée.

A Lille, la mairie a carrément interdit la musique en extérieur. Par un arrêté, la métropole ordonne de ne pas « donner la part belle aux pratiques amateurs, seules les musiques acoustiques seront autorisées sur la voie publique ». Et d’éviter quelconques « allures de rave party ». Une soirée en demi-teinte pour les amateurs de rap, qui n’ont pas pu se consoler grâce aux événements en intérieur.

La ville en grande pompe

Le public a répondu présent, grâce aux initiatives Publiques et Privées qui ont rendu cette soirée possible.

Entre Lyon et Villeurbanne comme on l’a dit, un événement d’une ampleur inégalée où plusieurs cultures ont été fêtées, comme le hip-hop a été un succès. Situé symboliquement et géographiquement au milieu des 5 kilomètres de festivité, Engal Sama, rappeur de Vaulx-en-Velin, avait un lieu pour porter sa voix. Accompagné d’une équipe de DJs et agitateurs qui ont pu proposer un quizz musical aux ambiances diverses. Au milieu des ambiances techno, classique, électro-house ou chorales.

Sur la capitale, plusieurs soirées ont veillé les cultures hip-hop. À l’exemple de la scène principale de la soirée au jardin du Palais-Royal. Elle aurait couté plus de 800’000 d’euros à la ville. Sopico était là pour donner le ton de la journée avec sa guitare. À l’Olympia, Angèle était présente pour un énorme show financé par France Inter.

À Nancy, des scènes imposées dans des rues avec des petits concerts ou de simples réunions autour d’un DJ ont permis à la jeunesse d’enfin respirer. Quant à Rennes, au Parc du Thabor, des rappeurs locaux comme Doriane et YRT ou encore Elle B et Leki sont venus donner un petit goût de rap à la soirée au milieu d’une programmation éclectique.

Des initiatives indépendantes et locales

Mais « pour célébrer la Fête de la Musique, pas besoin de subvention, il faut juste de la musique ». C’est ce que disait les organisateurs de l’événement du magasin Les Pièces Concept dans le 2ème arrondissement de Lyon. Durant toute leur soirée dont le set-up était directement dans la rue du magasin. Deux DJ sets de Izen et Wiggas aux ambiances trap latina et rap fr ou américain se sont succédées. Rassemblant au moins un millier de personnes dans cette petite rue étroite de la Presqu’île.

Même des petites villes comme Wittelsheim, en banlieue de Mulhouse ont participé à la fête. Avec des passages de groupes locaux, de la région et d’ailleurs avec un crew de break-danse et crump « daretodancecrew » venus dynamiser la soirée. Des initiatives en métropole mais aussi dans de plus petites communes !

Enfin, à Marseille, Calabrun et Les restaurants du Vallon des Auffes ont eux aussi organisé une petite soirée. En guest, un dj set de DJ KHEOPS, légende du rap marseillais et fondateur d’IAM.

En espérant que cet anniversaire donne lieu à d’autres initiatives culturelles de la part du gouvernement et des entités locales. Le hip-hop, comme on l’a vu cette année, peut permettre des rassemblements festifs sans débordements, et donner lieu à de beaux souvenirs. Souhaitons que cela continue !