Josman : son sixième album, « M.A.N »

JOSMAN revient deux ans après « SPLIT » avec son 6ème album, « M.A.N : Black Roses & Lost Feelings », marquant bientôt sa première décennie en tant que rappeur incontournable du rap français. Sur cet album, on retrouve plusieurs collaborations avec des artistes très différents et uniques en leurs genres. Laylow, Guy2Bezbar, Soleil Noir, Naza, Sofiane Pamart ou encore Eazy Dew. Qui, en plus d’avoir produit la plupart des beats de l’album, a posé un couplet exclusif sur le son « Hasta El Cielo »).

Que dire sur cet album ? On reconnaît globalement le JO$, avec un projet de 17 titres, et une identité musicale certes en mouvement, mais bien reconnaissable, que ce soit dans le flow ou dans les prods.

Un melting-pot de styles

« M.A.N », c’est un melting-pot de styles variés : ici, JOSMAN mêle sa voix et son flow à des sonorités hip-hop (voire drill, sur « AhGars ») mais aussi plus musicales (« Intro ») ; d’autres plus « smooth » (« Peace Haine Love ») ou plus électroniques (« Fiesta »), sans oublier les plus dansantes (« Hasta el Cielo », ou « Ma Lady »).

Au niveau des lyrics et des thèmes, il gravite toujours dans son éternelle mélancolie. Il traite des sujets qui lui sont propres : l’amour, le sex, la psychologie humaine, l’addiction, l’argent, ou encore la société. L’album est à l’image de son créateur. Pas d’histoire racontée ou de « fil » conducteur, si ce n’est sa propre inspiration débordante et ses inarrêtables questionnements d’Homme. Peut-être là d’où il tire son titre, M.A.N ?

On retrouve un peu tout ce qui a toujours fait la force de l’artiste, sa capacité à être polyvalent tout en gardant une signature personnelle et unique qu’on connaît tous. Il est vrai que l’artiste s’éloigne progressivement du rap plus « puriste » d’Echecs Positifs ou de Matrix, sans pour autant l’éclipser de sa matrice, avec des rappels à l’ordre très efficaces (on pense à son dernier EP Mystr JO$). Beaucoup ont critiqué « M.A.N » par rapport à la redondance de son style ainsi que son côté un peu expérimental. Pourtant, après l’avoir bien décortiqué, on constate qu’une bonne partie du projet est solide, maîtrisée, technique. Les couleurs sont également assez variées, faisant tantôt écho à une réelle vibe « classic rap » aux influences américaines et françaises très palpables. « 3ein/Risotto Gambas », « McQueen/Givenchy », « Intro », « PLU$$$ », « La danse de la joie », pour n’en citer que quelques-uns. Tantôt à une certaine modernité ou nouveauté, avec par exemple les sons « Interdit (Interlude) », « L’eau (Interlude) » ou « Fiesta (Interlude) » qui semblent faire écho au Plugg Music style, très en vogue actuellement (le fameux flow qui ne suit que sa propre rythmique).

Un long format

On aurait pu juger l’affluence de sons, qui peut être perçue comme un format moins comestible pour le grand public. Certes, on reconnaît Jo$man ; en revanche, si on aime l’artiste, on ne peut que reconnaître son cheminement musical, toujours diversifié et en développement, avec de nouvelles couleurs et textures vocales, sonores, de nouvelles tentatives stylistiques, ou des tentatives amorcées en aboutissement (on pense notamment à son dernier projet « HHH », ou à quelques sons de « SPLIT » comme « Je sais »). Comme le dit l’artiste lui-même dans son interview pour Le Code avec Mehdi Maïzi, il s’en fout de rentrer dans les codes de ce qui se vend « plus » ou « mieux », il veut juste faire ce qui le fait vibrer, ce qui l’inspire.

« J’serai pas un artiste qui va péter les scores. »

Pour lui, qu’importe l’abondance de titres, tant que la qualité est présente et que chacun y trouve son compte : les goûts et les couleurs sont propres à chacun. Finalement, c’est sa manière à lui d’aborder la musique : viscérale. Et généralement, cela lui fait cocher énormément de cases en termes de qualité : avec autant de sons signés JO$, ça ne pouvait être qu’une réussite.