Interview avec Frenetik : « Chacun a son bic, sa feuille, dit ce qu’il veut dire »

À l’occasion de son passage au Cabaret Vert, festival situé à Charleville-Mézières, on a eu l’occasion de discuter avec Frenetik de son rapport à la scène et à son art. Rencontre avec un artiste humble, qui parvient à garder les pieds sur terre malgré sa notoriété grandissante.

Frenetik sur la scène du Cabaret Vert, vu par Mila Cerisier.

Salut Frenetik, tu viens de passer sur la scène Greenroom au Cabaret Vert, tu peux nous partager ton ressenti à chaud ?

C’était vraiment cool, je ne m’attendais pas à ce qu’il y ait autant de personnes. Au fur et à mesure il y’a eu de plus en plus de monde et les gens étaient hyper chauds, ça m’a donné beaucoup de force.

« à chaque fois, voir quelqu’un qui met plus d’énergie que moi à rapper mes paroles c’est fou, ça fait vraiment plaisir »

Frenetik sur la scène du Cabaret Vert, vu par Maureen pour (+33)Rap.

Les gens connaissent de plus en plus les paroles, tu t’y habitues ou c’est toujours surréaliste pour toi ?

J’ai vu plein de gens surtout aux premiers rangs qui connaissaient tout. Je peux pas m’y habituer. À chaque fois, voir quelqu’un qui met plus d’énergie que moi à rapper mes paroles c’est fou, ça fait vraiment plaisir.

Dans une précédente interview tu parlais du fait que t’étais assez stressé avant tes concerts. Est-ce que tu appréhendes toujours ça ? Est ce que ça diffère entre concerts et festival ?

Ça a changé maintenant j’aime bien ce stress, c’est que du stress positif. Toutes les scènes sont différentes mais on essaie de travailler toujours de la même manière. Je me mets un peu de pression, mais maintenant j’ai compris que c’était normal. Si y’a pas de pression, c’est que quelque chose ne va pas, que je taffe pas comme d’habitude. J’ai ma recette, je reste sur ça et je prends le stress avec.

C’est quoi ton meilleur souvenir en festival ?

Un truc qui m’a vraiment marqué ? Un jour j’ai demandé à des gens d’enlever leur t-shirt si ils étaient chauds. Et parmi les gens qui l’ont fait y’a un gamin de peut-être 14 ans qui a déchiré son t-shirt, c’était incroyable. Sur scène je lui ai dit mais “qu’est ce que tu fais ? t’es jeune, tu vas rentrer comment ?” ça m’a fait bien rire.

« Je pense que celui qui a toujours un gros impact quand il commence c’est Infrarouge »

Frenetik sur la scène du Cabaret Vert, vu par Maureen pour (+33)Rap.

Pour toi, quel est ton son qui marche le mieux ? Celui que les gens connaissent et sur lequel ils s’ambiancent le plus.

Je pense que celui qui a toujours un gros impact quand il commence c’est Infrarouge. J’ai rien à dire, les gens entendent l’instru et ils savent. C’est le seul son où j’arrive à jauger le nombre de gens qui connaissent dans le public parce que la réaction est instantanée.

Dans tes sons, t’es souvent qualifié comme un rappeur “engagé”. Est ce que sur scène c’est compliqué de transmettre des sujets aussi importants à autant de personnes ?

Pas vraiment, je reste moi-même et ça ne change rien sur scène ou ailleurs. Je dirai toujours la même chose, je vais toujours essayer de transmettre ce qu’il faut avec l’énergie qu’il faut et de défendre les mêmes causes.

« J’écoute aussi des artistes qui ne défendent pas spécialement de causes dans leur texte. chacun a son bic et sa feuille et chacun dit ce qu’il veut dire » – frenetik

Comme on en parlait, ton écriture est un des piliers de ton rap. Est-ce que pour autant t’arrives à apprécier des artistes pour qui les textes ont une moindre importance ? Qui eux misent plus sur les sonorités par exemple ? Ou est-ce que tu as toujours été inspiré par des rappeurs définis comme “engagés” ?

Franchement, je dirais que mes inspirations de base reflètent le noyau de ma musique, de mon écriture. J’essaie toujours de faire passer des vrais messages, de dire des vraies choses. Après j’écoutais aussi des sons où je comprenais pas grand chose aux paroles. Mais ça a quand même eu un impact sur moi et ça fait aussi partie de ce qui m’a donné envie de faire de la musique. J’écoute aussi des artistes qui ne défendent pas spécialement de causes dans leur texte. Chacun a son bic et sa feuille et chacun dit ce qu’il veut dire.

Frenetik sur la scène du Cabaret Vert, vu par Mila Cerisier.

Donc le fait que les paroles passent au second plan ne te dérange pas ?

Ce qui me dérange, et ça après c’est mon avis personnel, c’est peut-être qu’aujourd’hui pour les rappeurs ça ne devienne plus vraiment important de passer un message. Pour eux c’est juste important d’être là, d’apporter un bon moment qui va durer quelques secondes, et puis que ça soit quelque chose dont on ne se souvient pas.

Est ce que ça te rend nostalgique du rap “d’avant” ?

Pas vraiment, parce que je sais que ça va revenir, et que c’est même déjà revenu. Quand on fait bien attention, les gens les plus dangereux sont les rappeurs d’avant. Je sais qu’avec le temps ce style de rap reviendra encore et encore.

« Je reste un être humain, parfois ça me dérange juste quand je me rappelle que maintenant ma vie est différente » – frenetik

T’as souvent dit avoir commencé le rap vers tes 12 ans. Ta réelle exposition médiatique a débuté en 2020-21 avec un Colors, un Grünt…comment tu le vis ? Tu t’es habitué à cette notoriété ?

Je reste un être humain, parfois ça me dérange juste quand je me rappelle que maintenant ma vie est différente. Je pourrais essayer de dire que les choses n’ont pas vraiment changé, mais ça serait faux parce qu’elles ont changé. J’essaie de faire en sorte qu’elles restent le plus naturelles possibles et que ça se rapproche de ce que j’ai toujours été, et de ce que j’ai toujours voulu au final. Quand il faut que je m’adapte je m’adapte, mais j’essaie de garder une certaine distance avec tout ça pour rester moi même. 

Frenetik sur la scène du Cabaret Vert, vu par Maureen pour (+33)Rap.

Par rapport à toute cette médiatisation, on t’a notamment aperçu dans Nouvelle École aux côtés de Shay pour représenter la Belgique, qu’est ce que ça t’a apporté concrètement ?

Ça m’a apporté beaucoup de joie de me dire que lorsqu’on pense à quelqu’un pour représenter Bruxelles, on m’appelle moi. C’est quelque chose que je revendique donc ça veut dire que j’ai été entendu et respecté. Et puis je suis sur Netflix ! (rires) J’ai reçu des messages de gens qui m’ont découvert là. Même si on me râle dessus parce qu’on a pas choisi Ben. D’ailleurs il est très fort on aurait dû le choisir en fait !

Merci à Frenetik pour son temps ! Rendez vous le 23 septembre pour la sortie de son nouveau projet “Rose Noire” !

Commentaires

  • Gesteur Douby

    C’est une force tranquille, lui…

  • Gesteur Douby

    C’est une force tranquille, il est dangereux…💪🌹⚡💗

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