DJ Mosey, fils de Nicolas Sarkozy et producteur de rap !

Le saviez-vous ? Le fils de Nicolas Sarkozy, alias DJ Mosey, a produit de la musique, notamment rap. Et oui. En plus de faire partie d’une famille ô combien polémique et importante dans le paysage politique français, Pierre Sarkozy, fils de Nicolas, a également fait de la musique. Il n’y était pourtant pas prédestiné.

Pierre Sarkozy enfant, dans les bras de son père Nicolas et avec sa mère Marie-Dominique Culioli. Source : Instagram.

Pierre Sarkozy est né le 24 août 1985 à Neuilly-sur-Seine. Il est le premier enfant de Nicolas Sarkozy et de Marie-Dominique Culioli. Pour comprendre ce qui l’a amené à se rebeller d’un père absent et de sortir des jupes de sa mère un peu trop dans ses pattes, il faut revenir en arrière. Pierre est un enfant (« normal ») de ministre qui a grandi dans le 92. Ses parents divorcent quand il n’a que 4 ans, et il se retrouve souvent seul à trainer dans les beaux quartiers des Hauts-de-Seine.

Pour contrer l’ennui, il va notamment se réfugier dans la musique : la soul, le funk, Curtis Mayfield, Marvin Gaye et les grands artistes noirs américains des années 70. Petit à petit, il va également se mettre à écouter beaucoup plus d’artistes hip-hop et rap, de la West-Coast pour la plupart : Dr. Dre, De La Soul, Snoop Dogg, Common entre autres. Il s’intéresse à tout et connait rapidement toutes les pochettes des albums de hip-hop, il cherche à connaitre tous les producteurs derrière les sons. Il s’habille évidemment avec le classique pantalon baggy, et la casquette à l’envers. Sauf quand il voit son père. Nicolas Sarkozy, devient ministre du budget et de la communication dès 1993 et il a de moins en moins de relation avec lui, il est très occupé.

Pierre à gauche et son frère Jean à droite en vacances en Corse durant leur enfance. Crédits : Instagram.

Le rap : un problème d’éducation ?

Ce manque d’attention d’un père absent va forger chez Pierre une profonde solitude. Il va donc s’intéresser à d’autres choses plus stimulantes que ses cours et petit à petit délaisser le scolaire pour l’extra-scolaire. Il sera plus tard pointé du doigt pour son manque de diplôme face à son père qui a fait de longues études de droit.

Avec un simple bac + 2 qu’il a obtenu sans réellement fournir d’effort et dans une famille où la scolarité et l’éducation sont les plus importants, il a toujours été vu comme un déviant. Il déclarera plus tard « Je préfère être un musicien sans avenir qu’un brillant avocat », dans le Vanity Fair espagnol. Nicolas Sarkozy, lorsqu’il entendra dire que son fils glisserait du côté obscur de la force dira : « OK pour le hip-hop (…), tant que tu continues tes études. Mais, attention, je ne te donnerai pas un rond ». Il dira également devant des journalistes: « Pierre a des dreadlocks et sort avec une Noire ! On ne pourra pas dire que j’ai brimé mes enfants ! ».

Dj Mosey reprend le célèbre « straight outta compton » de NWA version 92. Crédits : Instagram.

Ses premiers pas en tant que producteur rap

Pour entamer sa formation dans le monde de la musique, Pierre Sarkozy, poussé par certains de ses proches dont sa mère, va intégrer une émission créée par les frères Bogdanov au début des années 2000. Puis il fera un stage au sein de la maison de disque : « AZ Universal », filiale d’Universal Music, sous le nom de sa mère : Culioli.

Durant son évolution, Pierre va créer son propre groupe, son crew « Da Crime Chantilly » avec ses acolytes de toujours Sub Zero et J Looz. Il va également créer son alias « Mosey From Da Crime Chantilly », qu’il raccourcira en DJ Mosey. Avec ce groupe, il va s’immiscer dans le rap. Depuis sa chambre étudiante, il va réellement commencer à produire de la musique, des beats de toutes influences musicales. Des DJ du monde du rap vont entendre ses sons et les jouer, comme Cut Killer, El Matador ou Spank (le DJ de Joey Starr).

Mosey va avoir l’opportunité de composer la musique du DVD de Jamel, proche de son père notamment au Parc des Princes, « 100 % Debbouze ». Quelques années plus tard, il ferra également celle du DVD de « Seuls Two », le film d’Eric et Ramzy. Pour autant, il n’a jamais été facile pour lui d’évoluer dans un milieu anti-flic et révolutionnaire, quand son père veut « laver la racaille au karcher ». Il a longtemps dû vivre avec le nom de sa mère, moins polémique, que celui de son paternel. Amoureux de la musique, il était un grand un geek de matériel en tous genres. La journaliste et productrice Fatou Biramah dira de lui qu’: « il avait une chambre de petit garçon avec un lit une place, mais équipée comme un vrai studio de pro ».

« Mo’ Money, Mo’ problem »

En 2007, à l’accession de son père à la présidence, Pierre et son frère Jean vont devenir des bêtes de foire. La presse à people sera de plus en plus importante dans le paysage médiatique et tentera d’obtenir n’importe quel scoop, photo de la famille Sarkozy. Pierre va essayer de se faire discret et rester en mode « sous-marin »  pour pénétrer, de son côté, le milieu du rap. L’artiste qui accepte de lui ouvrir les portes c’est Doc Gynéco, qui n’a jamais été anti-sarko. Au contraire, il l’a même soutenu durant sa campagne en 2007. « Le Doc’ » s’est rapproché des frères Pierre et Jean quand le père Sarkozy était esseulé et avait des soucis personnels. Gynéco et Mosey se sont rapprochés et ont rapidement matché en parlant de musique et surtout de rap.

« Sa musique était tellement loin du son des cavernes du mauvais rap »

Après avoir douté de sa fiabilité, ‘le docteur’ déclarera : « Il maîtrisait les machines. Sa musique était tellement loin du son des cavernes du mauvais rap ». Ils en vont jusqu’à sortir un projet, « Peace Maker » dont la production est entièrement réalisée par DJ Mosey. Gynéco s’attend à un retour sur le devant de la scène, mais c’est un flop commercial. Olivier Cachin, journaliste rap avouera quelques années après : « Le match était perdu d’avance. Entre l’image de Doc Gynéco, son amitié avec Sarkozy, et la participation de Johnny Hallyday, le disque était inaudible ». On y reviendra plus tard, mais ce flop commercial va forcer Dj Sarkozy a réaliser tout un tas de mouv’ peu recommandables.

Pochette du projet « Peace Maker » de Doc Gynéco, sur lequel DJ Mosey est producteur.

En parallèle de cette expérience, Dj Mosey se met également à produire des beats pour l’artiste Poison. Le morceau « La Rue » de son projet « Vue d’ici » en est l’un des seuls témoins . Avec des textes contestataires et anti-gouvernementaux, le rappeur va acquérir un petit buzz et le nom de Mosey va se faire remarquer.

Mosey, « infiltré du milieu rap »

À la fin de l’année 2007, la sauce va monter sur les réseaux sociaux et dans la presse autour de Mosey car il serait vu comme un ‘infiltré du milieu du rap’. Poison fera une vidéo en Janvier 2008 sur son Myspace pour clarifier la situation : « À la base je ne savais pas que c’était le fils de Sarko, je l’ai su il y a six ou sept mois. Ça fait cinq ans que je le connais, je l’ai rencontré dans une fête, il m’a proposé des sons. Quand je l’ai appris, j’ai pété un câble« .

« Comme un poissonnier qui va à Rungis. Je suis venu faire mon marché » 

Sans envenimer la situation ou cracher sur leur collaboration, Poison indique que Mosey est un producteur qui a produit le beat de son tout premier son. « La Rue » porte donc une place importante pour lui. Mais il a réellement été marqué par tous les appels qu’il a reçu après que Pierre Sarkozy ait été vu à la télé aux NRJ Music Awards la même année. En effet, DJ Mosey est passé en direct live et a répondu aux questions des journalistes. Au milieu d’un parre-terre de stars en tous genres, il déclarera même se sentir : « comme un poissonnier qui va à Rungis. Je suis venu faire mon marché ».

Pochette du projet « Vue d’ici » de l’artiste Poison.

C’est à la suite de cela que Poison a su sa véritable identité. Malgré les polémiques entre 2007 et 2008, Poison va quand même maintenir la sortie son projet « Vue d’ici » qui sortira finalement en mars 2009 et conserver le morceau « La Rue », produit par Mosey. On vous invite à l’écouter, 8min52 de kickage anti-gouvernemental et de prise de position politique. Quelques temps après, c’est l’artiste parisienne Casey qui a pris partie dans cette affaire et déclaré à des collègues rappeurs : « Le fils de Sarkozy essaie de nous refiler ses prods sous le noms de Crime Chantilly, faites gaffe. »

Les états-unis dans le viseur

En France, le DJ parisien constate donc qu’il est compliqué de produire dans le monde du rap, même en tentant de camoufler son identité. Il va donc se diriger vers un nouveau marché beaucoup moins regardant sur le pedigree de chacun : les States. Avec le temps, le natif du 92 s’est rapproché de certaines grosses têtes dans le Sud des USA notamment et a eu l’opportunité de produire pour le rappeur du Mississipi David Banner, entre autres. Sans grand succès outre-atlantique pour les deux artistes, les featurings ne dépasseront pas le petit état de l’est des USA.

Dj Mosey à gauche et le rappeur américain David Banner à droite.

La vie après le rap

A la suite de ces expériences peu concluantes dans le monde du rap, Pierre Sarkozy s’est petit à petit éloigné du milieu hip-hop au profit de l’électro. Au début des années 2010, il fréquente rapidement les boites de nuits huppées de la capitale, le ‘Queen‘ sur les Champs-Elysées notamment. Il tourne en tant que client puis en tant que DJ, durant plusieurs années avant de tenter l’aventure à l’étranger. Sur la French Riviera, à Los Angeles, Bruxelles Tel Aviv, Chypre ou l’Italie : il parcourt le monde et propage sa musique.

Il va également tenter de relancer un peu sa carrière depuis son 92 natal, avec un projet d’envergure nécessitant 80’000 euros. Pour l’occasion il fait une demande de subvention auprès de la Société Civiles des Producteurs Phonographiques (SCPP), qui a est refusée. Comme un enfant de 8 ans qui boude car il n’obtient pas sa confiserie, il demande à son père d’intervenir, à l’époque depuis son rang de Président de la République. Nicolas Sarkozy tente de mettre des pressions à la SCPP, qui refuse. Peu de temps après l’échec commercial de « Peace Maker » de Doc Gynéco pour lequel il avait engagé beaucoup d’argent, Mosey se retrouve sans le sou pour financer ses projets.

Chouchou des stars

Avec une dizaine de ses propres singles et des DJ Sets qu’il a créé de toutes pièces, le Parisien tente de conquérir le monde de la nuit. Il va côtoyer de plus en plus de célébrités et se fera même surnommer « The prince of France » par Puff Daddy. Il va également être proche de David Beckham ou Zlatan durant des soirées du PSG; Pharrell Williams, ou Usher en boîte de nuit comme en témoignent ces photos. Musicalement, il va travailler avec sa belle-mère Carla Bruni, sur un Remix du morceau « Miss You ». Au fil du temps, il a continué de vivre sa vie paisiblement et de profiter de son statut pour voyager dans le monde entier : Mexique, Asie, Afrique… Il a même eu l’occasion de célébrer le 67e anniversaire de l’État d’Israël à côté de Tel-Aviv en 2015 dans une rave party. Un peu lunaire tout ça.

DJ Mosey en boîte de nuit parisienne accompagné de Puff Daddy, M Pokora, Bob Sinclar ou encore Usher. Crédits : Pure People.

Pour l’anecdote, parmi les lieux où il est allé mixer, il y a également Odessa en Ukraine. En 2012, il s’y est rendu pour un mix mais il n’a pas pu se présenter car il souffrait d’une intoxication alimentaire. Après avoir mis au courant son père, le président de la République a utilisé le jet privé du gouvernement, le Falcon 50, pour le rapatrier. L’histoire semble assez banale, mais c’est le prix de l’opération qui interpelle : 5 625 euros/h pour un avion volant environ 7 heures, soit un total s’élevant à environ 40 000 euros. Merci papa !

Qatar, musique et corruption : l’après « Peace Maker »

Plus on avance dans sa carrière, plus DJ Mosey s’éloigne du rap et de la légalité. Une autre sauce dans laquelle le DJ Parisien se serait retrouvé concerne son rôle dans le rachat PSG par le Qatar en 2012. Mediapart a réalisé une enquête sur ce sujet le 19 octobre dernier. Le média en ligne y a révélé que le DJ aurait aidé son père ainsi que Sébastien Bazin, un homme d’affaire, à vendre le PSG au Qatar. Entre cet homme d’affaires, le président français et l’émirat du Qatar, DJ Mosey a eu une place de choix et joué un rôle d’intermédiaire décisif.

Dans l’enquête, la rédaction de Médiapart évoque des SMS qu’elle a pu consulter entre Sébastien Bazin et Pierre Sarkozy « Pierre, as-tu eu ton père et sais tu s’il va appeler le Prince ? J’ai parlé à Nasser, je leur ai dit que je comptais venir… Merci pour tout ce que tu fais !». Selon Sébastien Bazin qui est le seul à avoir répondu aux journalistes de Médiapart dans le cadre de cette enquête « Pierre Sarkozy n’a pas participé aux négociations et n’a pas perçu de rémunération ou d’autres avantages ». Argument totalement détruit par Médiapart, qui prouve que Pierre Sarkozy aurait ouvert une auto-entreprise après l’échec commercial du projet de Doc Gynéco : « Peace Maker ». Celle-ci aurait pour activité « le soutien aux entreprises » et est active depuis 2015. Il aurait utilisé cette société pour travailler dans le milieu et capitaliser sur les relations de son père.

Quand Sébastien Bazin devient patron du groupe Accor, quelques temps après la vente en bonne et due forme du PSG au Qatar, il n’oublie pas de rétribuer la famille Sarkozy pour tout ce qu’ils ont fait pour son aide. Le père, Nicolas, touche à hauteur de 80.000 euros par an pour assister aux réunions d’un « cabinet de stratégie internationale » du groupe. Le fils, Pierre, aura lui l’opportunité d’organiser les soirées des hôtels Sofitel -les plus hauts de gamme du groupe- et de produire la bande son officielle de la chaîne. Une opportunité qui a un prix, qui demeure encore aujourd’hui inconnu.

Le fils Sarkozy, loin de ses ennuis en France

Pourtant, selon Sébastien Bazin, le PDG d’Accor, il n’est pas intervenu dans le choix de recrutement du DJ parisien et que ses rémunérations sont « conformes aux pratiques du marché et équivalente [à celles] versées à d’autres intervenants pour des prestations similaires ». On imagine quand même une belle kichta. Pour l’heure, Pierre Sarkozy n’a pas été entendu dans l’affaire du Qatar, mais son père est dans le viseur. Le fils continue de se la couler douce loin de la France, du rap et de tout soupçon de corruption. Il produit un peu de musique par-ci par-là, et joue plus un rôle d’influenceur que de musicien. Comme vous pouvez le voir avec une vidéo récemment sortie de la parodie d’une signature de contrat avec le Real Madrid :

Pour conclure, on voit que le rap n’a pas fini de nous épater. On peut le dire, Dj Mosey, fils de Nicolas Sarkozy qui a produit pour des rappeurs : c’est pour la Culture !