23MEGASPHERE : le projet vu par son fondateur et l’artiste Richi

Le 23 Janvier 2023 à 23h23, Mario Roudil et sa clique vont rendre disponible sur les plateformes le projet 23MEGASPHERE. Après deux premiers extraits dissimulés à 15 jours d’intervalle, le projet verra enfin le jour après plus de 2 ans de travail. Nous avons rencontré Mario et Richi, son fidèle acolyte et accessoirement l’artiste le plus présent sur le projet, quelques jours avant la sortie. Rencontre avec des passionnés dont les limites sont celles qu’eux seuls se fixent.

Après un rendez-vous fixé à Lyon sur la place Bellecour (plus grande place de la ville, NDLR), Mario, Richi et l’équipe (+33)Rap nous dirigeons vers un petit café juxtaposé à la place. Le lieu est symbolique, à quelques mètres, Richi et Mario tournaient leur premier clip : Mc Do Bellecour, un lieu de pèlerinage pour les saint-valentin low-cost de la ville. Le même durag que sur le clip dévoilé le 14 février 2021 encore vissé sur la tête, Richi nous donne l’impression de jouer les prolongations. Après avoir commandé à boire, les deux compères nous parlent directement de musique. C’est Mario qui nous explique le plus facilement le projet 23 MegaTape’. Normal, il en est le principal instigateur.

Les débuts du projet 23megasphere

À l’instar de l’ADN de la tape’, le processus créatif qui a amené le projet 23MEGASPHERE reste un long voyage. Mario Roudil, jeune réalisateur originaire de Valence a très rapidement déménagé sur Lyon à la fin des années 2010. Après avoir assisté à un tournage du Règlement avec qui il avait déjà travaillé à la réalisation plus tôt, Mario se retrouve en figuration du clip de Richi et Youri « Chorale » en 2020, pour le Règlement Radio.

Les deux compères ne se connaissent pas mais apprennent petit à petit à le faire : « c’était il y a déjà trois ans ! », s’exclame-t-il, avant de continuer : « On a pas matché tout de suite, on s’est revu quelques jours après à une soirée en décembre, on est devenus très amis par la suite, il a pris soin de moi parce que j’avais un peu forcé sur l’alcool (rires). Il est revenu en Décembre 2020 dormir chez moi, on parlait et on arrêtait pas de dire qu’on aimerait bien faire un clip ensemble. Au moment où je dis ça, on regarde par la fenêtre et on voit qu’il neige. Je dis à Richi ‘gros t’as pas un son sous la main’, il me fait écouter une maquette du morceau ‘Macdo Bellecour’, un son ensoleillé, 40 degrés, alors qu’il neige : je me dis c’est parfait ».

Une première collaboration autour d’un son ensoleillé alors que le baromètre atteint -3 degrés ce jour-là et que Lyon connaît son pire épisode de froid du 21ème siècle ? Rien de plus normal pour ce nouveau binôme en puissance.


Le clip Mc Do Bellecour, par l’artiste Richi et son réalisateur Mario Roudil. Capture d’Ecran.

séminaire et saut dans l’inconnu

De ce premier vidéo-clip naîtra une vraie amitié qui découlera sur le premier game-changer qui va amener le projet 23MEGASPHERE : un séminaire. « Au mois de mai 2021, je suis parti en séminaire à Etretat (en Normandie, NDLR), au bord de la mer, avec l’artiste Petit Voyou pour sa mixtape. Il voulait que je les accompagne pendant une semaine et demie. J’y suis allé et j’ai kiffé l’expérience. J’ai pris conscience dans quelle posture créative cela te met : tu es dans un tunnel avec tes potes, tu te lèves le matin et ça ne parle que de musique. Je me suis dit qu’on devait faire ça à notre échelle ».

Après en avoir discuté avec son partner in crime Richi, l’idée est lancée : « Il me dit qu’il veut le faire, qu’il ne comptait pas prendre de vacances l’été et charbonner pour faire de l’argent. Je n’avais rien trouvé en vacances pour l’été moi non plus donc c’est bien tombé. Je voulais rassembler des gens dans un lieu et il se trouve que mon père qui vit à Valence a un bar/café/théâtre de deux étages qui s’appelle l’Appart Café et il me l’a lâché pendant une semaine et demie ». Avec ce séminaire de 8 jours, Mario réunit sa crème de la crème des créatifs de son noyau pour réaliser un « E.P commun avec Sholo (Sholo Senseï, un autre rappeur originaire de Valence établi à Lyon, NDLR), Richi et des potes ». Niveau beatmaking, il s’entoure de Pseudo, l’ami d’un ami à l’époque.

« On a passé la semaine à faire de la musique, c’était complètement fou, on s’est vraiment tous rapprochés et on a même tourné un documentaire ». Richi ajoute à la suite de Mario : « c’était la découverte du travail ensemble ».

Le documentaire retraçant l’histoire du séminaire, permettant la création du projet « Mustang 90 ».

« Si j’étais toi je ferais un projet collectif« 

À travers ce projet, d’autres artistes ont pu apporter leur univers et rejoindre le petit bar/théâtre valentinois (de la ville de Valence, NDLR). C’est le cas du crew lyonnais EGZAGONE, ou le rappeur Malfoy, qui sont venus passer une tête quelques jours dans le studio à 2 étages.

C’est ce dernier artiste, Malfoy, qui a donné encore plus d’idées à Mario : « Un soir, Malfoy, durant les derniers jours du séminaire, il s’est allumé un joint, il m’a regardé et il m’a dit ‘si j’étais toi, avec 23 Megabits (la structure de Mario, NDLR) et toute cette sphère, cet entourage, je créerais un court-métrage ou un album. Tu as tout sous la main : graphistes, artistes… Si j’étais toi je ferais un projet collectif.

Quand il m’a dit ça, je l’ai gardé pour moi, puis j’ai commencé à en parler avec les artistes et ils m’ont tous répondu ‘fais ce que tu veux, je te suis’. J’ai fait des cartons que j’ai envoyé par message à des artistes en mode ‘est-ce que tu veux faire partie de la 23MEGASPHERE’ et la plupart m’ont répondu ‘oui’. J’ai des rappeurs lyonnais qui ne m’ont pas répondu, y’en a qui l’ont dit ‘non’. Mais l’idée c’était vraiment d’inviter que des artistes avec lesquels j’ai déjà travaillé, un clip ou autre ».

« j’ai envisagé ce projet comme un gros caprice où je mettais tout ce que je voulais« 

Après avoir drop le projet Mustang 90 qui a découlé de ce fameux séminaire en août 2021, Mario se lance donc dans la réalisation de l’idée que lui a soumis l’artiste Malfoy. C’est Richi qui revient pour lui sur le choix des protagonistes à la création du projet : « il fallait que ça ait un sens, de travailler avec des gens que tu apprécies quoi, avec qui y’a un feeling et pas juste faire une tape pour avoir de la visibilité ». Puis, Mario reprend : « au départ on était 10, puis au final on est 42. On avait un groupe Instagram entre nous et toutes les semaines je rajoutais quelqu’un. Richi me disait ‘même si ça floppe, au moins on est 42 dans le projet’ ».

Dans sa folie créatrice, Mario veut également donner une autre dimension à son projet et passer un vrai step. Pour cela, il va faire appel à ses nombreuses connaissances du milieu : « À un moment, je me suis dit que j’avais envie de faire participer tout le monde. Plus ça allait, plus j’ai envisagé ce projet comme un gros caprice où je mettais tout ce que je voulais ».

Ce caprice, il fait également écho au projet sorti il y a tout juste un an : la ZZCCMXTP. Mario en a également fait partie, en réalisant les clips avec Alkpote, Seb La Frite et des Daft Punk. Cette mixtape de rappeurs de YouTube la énormément décomplexé sur son propre projet, qu’il avait « lancé bien avant qu’ils sortent la ZZCCMXTP » nous assure-t ’il avant de rajouter :  

« Je commençais à avoir des doutes au fur et à mesure. Mais d’avoir rencontré ces gens-là, et d’avoir vu comment ils ont kiffé faire cette mixtape, je me suis dit que la frontière entre le rap et internet, la légitimité est de plus en plus flou. Aujourd’hui, un réal peut faire un projet. La ZZCCMXTP nous a pas mal décomplexé. Voir qu’on était avec Alkpote, qu’on côtoyait des gens du milieu : ça devenait réel. Krono nous a rendu au centuple ce qu’on lui a donné, il a pris le projet au sérieux ».

Le projet de la ZZCCMXTP (ZiziCacaMixtape), créé par Pandrezz, Krono et Ronare, a décomplexé Mario pour son propre projet.

« 23megasphere, c’est plein de noyaux qui se sont rencontrés »

Les rencontres que Mario a faites lui ont donné de plus en plus envie et foi en un projet entre potes. En plus, il s’est permis quelques kiffs personnels et il a au fur et à mesure envisagé ce projet comme « pleins de noyaux qui se sont rencontrés ensemble ». D’un côté ses connaissances, devenues des amis depuis Lyon, puis l’écosystème Youtube parisien de la ZCCMXTP et Inoxtag présent d’ailleurs sur le clip avec Kronomuzik « Megasphère», premier extrait du projet.

Mais le pied que prend Mario n’aurait pas été total s’il n’avait pas invité son artiste préféré : Dimeh. Le suisse a répondu à l’appel du réalisateur valentinois et cela conclut en beauté la tracklist du projet : « on a invité Dimeh, qui est un de mes artistes préféré, qui pose sur une prod de mon meilleur pote beatmaker Pseudo; à la guitare c’est Piège, un ami à nous. Dimeh après avoir enregistré, m’a dit qu’il trouvait le morceau « trop court ». Il voulait qu’on rajoute des gens, je lui ai parlé de Richi et Sholo en passe-passe et il a validé. Ça s’est transformé en feat. Pour le concert qui va arriver, je vais voir mon rappeur préféré rapper avec mes potes et humains préférés à notre event. Je vais pleurer (rires) ».

Rendre heureux les siens, c’est ce qui rend finalement le plus heureux le clippeur à la vingtaine « il y a tout type de noyaux, et ce que j’aime bien, c’est les faire se côtoyer ensemble. Petit Voyou c’est 200.000 auditeurs / mois et Van Castle c’est 50 auditeurs par mois. Je les ai mis en feat car je les mets tous sur le même pied d’égalité ».

« rap de youtubeurs »

Lorsque Mario explique la décomplexion qu’a permis la ZZCCMXTP à laquelle il a participé, vis-à-vis de son propre projet, il montre également qu’il y a de plus en plus de ponts logiques qui se créaient entre YouTube et Rap.

Dans 23MEGASPHERE, il est possible de retrouver Le Règlement, Kronomuzik, Le Rap en Mieux, Kosey… qui sont autant de youtubeurs qui rendent la frontière Rap/Internet de moins en moins épaisse. Mario développe : « on a cette réputation de ‘pas très Gs’, mais mon avis c’est que les rappeurs qui crachent sur les youtubeurs en disant que ‘c’est pas g’, que ‘ça fait pitié’, ils rêveraient de taffer avec eux. Tout le monde veut pouvoir se lâcher et faire des projets plus funs, comme quand tu vois Theodort pose sur un projet de Zuukoo Mayzie, ou Kerchak avec Inoxtag ! On est d’accord qu’on ne veut pas être des ‘Rappeurs Règlement Friendly’ mais faire un morceau où on loue un stade de foot, c’était juste trop cool (le clip « Coupe du monde Freestyle réalisé au Stade de Foot de Valence réalisé par Mario Roudil, NDLR) ».

Si le réalisateur de 21 ans parle autant du Règlement malgré la volonté de se détacher de son image, c’est que le youtubeur mystérieux a une place particulière dans sa carrière. Sur le projet, et dès l’intro, il y trouve d’ailleurs une place de choix. On le retrouve sur une interlude et en featuring avec Richi sur « TPLJ », pour un morceau très symbolique.

« les derniers morceaux représentent le moment où tu casses le plafond de verre. À l’image de notre carrière ! »

Le principal intéressé nous explique : « le morceau où Le Règlement me taille ça part d’un freestyle Le Règlement (le morceau TLJ, NDLR), qui est officiellement la vidéo la moins vue de sa chaîne YouTube, c’est réel (rires). On en rigole en vrai. J’ai fait ce freestyle en lui envoyant un message sur Insta, je l’ai relancé chaque année. Avant de me connecter avec lui, j’ai dû me battre ».

Dans le projet 23 MegaTape’, le morceau « TPLJ », comprenez ‘tous les putains de jours’ est donc référence à ce fameux freestyle Youtube « TLJ » qui veut dire ‘tous les jours’,  qui n’a pas dépassé les 100k vues sur la chaine du Règlement. Les deux amis surenchérissent tous les deux : « dans le morceau, à chaque pré-refrain, il reprend ‘tous les jours fuck la prod’ et à la fin du morceau, carrément, il reprend le début du freestyle du Règlement » nous explique Mario, puis Richi développe : « ça résume mon évolution rapidement en 4 ans, comment il y a eu la grosse exposition, puis je suis redescendu et comment grâce à ça je me suis rendu compte qu’il ne fallait pas que je me fasse d’illusion. Chaque chose en son temps. Avec ce morceau, la boucle est bouclée. C’est une petite référence symbolique pour moi ».

Ce morceau, « [le] préféré » de Mario est lui-même évocateur du fil conducteur du projet : la période de doute et de remise en question avant le succès : « le projet se construit en 3 parties. Les premiers morceaux sont une période d’ascension, avant le doute et la remise en question, puis les derniers morceaux représentent le moment où tu casses le plafond de verre. À l’image de notre carrière  ! ».

Richi pour le freestyle de la chaîne YouTube Le Règlement. Crédits : Capture d’écran.

« j’suis né sur internet, je mourrai sur internet, j’fais l’argent sur internet »

S’il ne peut évidemment pas négliger ce qu’Internet a fait pour lui, c’est que comme le dit Orelsan, Mario est un enfant d’internet. Comme l’ensemble de notre génération, il vit avec ces codes : mieux, aujourd’hui, ils les a dompté. L’auteur du dernier clip d’Inoxtag « Dans la Zone » nous explique sa vision des choses : « Internet influence le rap, comme le rap influence internet. Ce que j’aime avec les Youtubeurs, c’est qu’ils aiment faire les choses sérieusement, sans se prendre au sérieux. Un mec comme Kronomuzik, plus ça va, plus il veut devenir rappeur. On vient pas du Bronx, on vient d’internet  ».

Richi coupe Mario et rajoute : « je me suis buté à LOL, à Minecraft. Je ne vais pas mentir et commencer à mettre une cagoule ». Pour pousser à fond leur propre kiffe et l’ADN du projet, Richi a même samplé un bruit d’ « XP dans Minecraft ».

« cet album a changé plein de choses dans ma tête »

Après la sortie de Mustang 90 le 11 novembre 2021, Sholo Senseï, Richi et Mario ont ressenti un réel déblocage psychologique. Cette première carte de visite, qui a donné un séminaire, un clip, un documentaire et une aventure humaine, dès la première expérience et le premier projet, a totalement changé le quotidien des créatifs.

23MEGASPHERE n’a que traduit l’envie de développer de plus amples projets en commun : « cet album a changé plein de choses dans ma tête. À nous-même on s’est prouvés des choses. Déjà, je ne vois plus les gens avec le même visage. J’ai vu ce qu’ils étaient prêts à donner pour moi, le temps, la considération » décrit Mario. Si les regards sur lui ont changé, les attentes vis-à-vis d’une industrie ou du « Rap Game » se sont, elles, totalement évaporées : « le but en vrai, au niveau de l’industrie, je m’en fous que ça marche marketinguement, et d’avoir des milliers de stream. Je veux juste que ce projet existe pour qu’on se dise qu’il y a un réal à Lyon, qui a ramené autant de gens, son équipe et ils ont fait ça tout seul avec aucune autre intention que l’amour du rap et de la musique ».

symboles et bails de numérologie

Pour l’aspect visuel, Mario n’a également rien fait au hasard. Si certaines idées se sont emboitées certaines fois à force de rencontres et de travail, à de nombreuses reprises, la légende de ce projet s’est écrite à force de signes du destin. Pour la cover du projet, un univers ensoleillé de « Dans La Légende » se frotte à un bon dans le temps façon « Trinity » de Laylow.

Musicalement, le projet est également à mi-chemin entre les univers des deux artistes, entre un univers pop/trap à certains moment et des morceaux plus kickeurs/rockeurs enflammés sur d’autres morceaux. Le cheval de Troie qui tenait particulièrement à Mario, vient marier esthétiquement le tout.

« Dans notre groupe, il suffit qu’il y ait un ami qui nous explique un symbole, qu’on se reconnaisse dedans et on se l’approprie. Le Cheval de Troie, la symbolique vient de quand j’ai commencé à faire des clips sur Paris pour des gros rappeurs ou autre, à chaque fois je mettais des indices sur nos projets perso, sur nos mixtapes. Dans le clip d’Alkpote, il y a des easter egg en images subliminales. Ry’s et Sholo (deux artistes présents sur le projet, NDLR) ont commencé à dire qu’on était en mode « cheval de Troie », en mode sous-marin. Comme si moi j’étais le cheval, et qu’à l’intérieur de moi j’avais ramené tous mes potes, et qu’on allait tous péter ensemble », avant de continuer « Au fil du temps, on commençait à mettre des émojis Cheval de Troie, Pseudo commençait à mettre des stories avec un cheval en mode ‘le cheval arrive’. On aimait bien cette idée de galop. Richi a fait un lien avec le titre du projet ».

Photo prise pour la mise en vente du merchandising. On y aperçoit le fameux Cheval de Troie en rouge et bleu.

MUSTANG ET PIERRE PHILOSOPHALE

Et la Mustang, nom du premier projet qui a cimenté les liens entre les protagonistes du projet ? « C’était Sholo. Il nous a raconté que son père, la voiture de ses rêves quand il était petit c’était la Mustang 91. C’était un peu l’allégorie de son but ultime. Du coup, quand il nous a raconté ça, on était tous en mode ‘nous aussi on veut une mustang 91, dans l’idée’. Alors que franchement, je m’en fous des voitures. Ça nous a inspiré le tatouage que Richi et moi nous sommes faits qui représente la mustang 91 ».

Le nom de la voiture de sport américaine, portera sur le projet, un featuring entre Sholo Senseï, Richi et Oso, dans une ambiance pop/club. Cette voiture de la marque Ford, est un marqueur d’un lien fort qu’il existe entre les amis de la MEGASPHERE.

Ford Mustang datant de 1991, symbole d’accomplissement pour les créateurs de la 23MEGASPHERE et présent à plusieurs reprises dans le projet.

« En alchimie, pour créer quelque chose, il faut en sacrifier une autre de même équivalent »

Un autre symbole qui a marqué leur vie c’est donc le Cheval. Représenté sous différentes formes, l’animal est la madeleine de Proust de nos deux créatifs. Autour du cou, sur la pochette du projet, l’animal à 4 sabots arbore également un collier. Cette pierre philosophale est une autre allégorie qui a porté le projet selon Mario : « En alchimie, pour créer quelque chose, il faut en sacrifier une autre de même équivalent. Avec la pierre philosophale, on enlève ce prince et on crée à partir de rien : le plomb en or, tu peux te rajeunir… Quand j’ai Futurecords avec moi, Rémi Clauss au graphisme, Egzagone sur le projet : on a notre pierre philosophale, on l’est. C’est pour ça qu’à la fin du projet, on entend ‘nous l’avons longtemps cherché, maintenant, nous l’avons’. C’est vraiment tout notre entourage qui nous a permis de créer le truc de A à Z ».

Après avoir refusé l’avance d’un label pour sortir le projet en totale indépendance et de manière « bénévole pour tous », Mario se rappelle que : plus que le résultat, le plus important reste la quête : « quand j’ai discuté avec l’Enfant et Le Règlement, ils me demandaient si ce projet avait un but commercial ou pour me taper un kiff et marquer un moment. C’est clairement le deuxième. Pour moi, le concert, c’est la consécration de tout ça. Voir Richi et L’enfant rapper ensemble par exemple ».

Le cheval, élément symbolique de la pochette du projet de Mario Roudil. Crédits : Rémi Clauss.

le numéro 23

Si Michael Jordan aurait pu être touché par l’hommage, ce n’est malheureusement pas pour le basketteur des Chicago Bulls que Mario a décidé de numéro-dropper le 23 de partout : le nom de sa structure : 23Megabits, le nom de la tape « 23MEGASPHERE», le nombre de morceaux dans le projet : 23, le date, l’heure et l’année de la sortie du projet : 23h23, le 23 Janvier2023…

Même Stavo n’avait pas osé ! Et pourtant, la symbolique du chiffre pour Mario était déjà présente depuis quelques temps : « C’est mon nombre préféré », nous explique le réalisateur de 21 ans. « En numérologie, c’est symbole d’élévation, quand tu réussis tout. Slow, c’est un artiste qui en parle dans le projet également. Pour la petite histoire, le 23, pour lui, c’est un chiffre qui le hante. Il est partout dans sa vie. Son premier morceau de sa vie s’appelait ‘23’. Au moment où on s’est demandé comment appeler le titre, il m’a direct répondu « 23 ». Et incroyable, j’avais prévu que Kronomuzik soit dans la tape juste après lui, et Krono m’a proposé le nom de son morceau « Megasphère ». Donc la tracklist, les deux morceaux qui s’enchainent ça fait « 23 Megasphère ». Il nous déroute clairement dans l’explication par « le pire, c’est que ce n’est même pas calculé ».

23MEGABITS, structure de réalisation et production de vidéo créé par Mario Roudil.

23 morceaux et 23 clips pour une expérience immersivee

Si le projet de Mario Roudil a déjà tout d’un pari et d’une nouveauté, la partie visuelle du projet est également une remise en question et une prise de risque totales. Le fondateur du projet explique sa démarche : « j’ai eu cette idée de vouloir tout clipper, qui est une grosse idée de merde (rires), mais on va l’assumer jusqu’au bout. Futurecords a tout mixé et moi j’ai tout réalisé. Quand je dis que ce projet est un caprice c’est abusé : 23 titres, 23 clips, des interludes, un extrait d’un vocal d’un artiste. C’est une expérience, c’est ce que je voulais ».

Certains clips auront des ambiances trap, d’autres rétro 90, un clip sera même réalisé à 100% en 3D mettant en avant un cheval de Troie. Ils devraient tous sortir le même jour et devraient se regarder d’une seule fois, comme le projet musical devrait lui aussi s’écouter à la suite. Pour l’heure, le dernier clip en date disponible reste « Pk tu m’harcèles pas ? », un featuring entre Richi et l’Enfant.

du numérique et du physique

À quelques jours seulement de la sortie du projet, Mario nous a confié vouloir laisser vivre ce projet et en exploiter chaque format. Le physique notamment, avec un CD aux inspirations de l’univers de Nekfeu « pour l’aspect transparent du C.D, c’est Richi qui m’a soufflé cette idée », des posters, deux collections de t-shirts ou encore « des stickers, on s’est inspirés de ceux de Cyborg ».

C’est bel et bien un événement que propose la ‘23 tape’ selon les dires de son fondateur : « c’est un événement plus qu’un projet. J’ai d’ailleurs choisi de l’appeleralbumplutôt que mixtape, que je trouvais ça dévalorisant. La mixtape, pour moi, ça rime avec ‘pas abouti’. Ça fait un peu ‘j’ai pas réussi à faire un album’. Tout le monde le fait : Raplume, même la ZZCCMXTP, où des beatmakers comme Freaky, Binks Beats.. », avant que Richi enchérisse : « tu sens qu’il n’y a aucun lien entre chaque artiste ».

Le point culminant de ce voyage initiatique sera le concert sur la péniche lyonnaise de La Marquise le 23 Février prochain, que Mario nous annonce en exclusivité, un mois jour pour jour après la sortie du projet, ce lundi. Le réalisateur envisage cet événement comme une consécration, un jubilé, afin de voir le maximum des artistes présents sur le projet enfin réunis autour d’une même scène : « on a hâte du concert aussi. Krono m’a dit qu’il allait venir pour vivre le truc avec moi. Il y aura aussi le Règlement normalement. On va faire une after, j’ai hâte de voir Dimeh parler avec Richi de rap ».

Mario Roudil pose pour le merchandising de son projet.

« toujours sur un nouvel album »

Après la sortie de 23MEGASPHERE, le duo, toujours sur un nouveau projet, compte désormais se tourner vers un développement personnel, encore plus introspectif. Si 2022 a été une année faste pour eux, ils vont néanmoins continuer de travailler et tenter ensemble de faire péter « le projet Richi », et pour ça «On va mettre les bouchés doubles ». Richi conclut : « en vrai, le travail c’est notre carburant ».

À trois jours de la sortie de leur premier projet commun de cette envergure, les deux amis sont heureux du chemin parcourus et se veulent confiant quant à leur proposition artistique. Pour terminer sur des symboles, ils réaliseront le soir de la sortie de 23MEGASPHERE (ce lundi 23 janvier, NDLR), une release party entre eux, dans le même lieu et avec les mêmes artistes, où avait été réalisée la release party du projet Mustang 90 : le Boomrang, à Lyon. Richi conclut notre entrevue par : « le projet MEGASPHERE ne peut pas être un échec en soit, car pour nous, le fait de l’avoir fait, c’est déjà une réussite ».

Après avoir terminé les annonces et surprises, la discussion avec les deux lyonnaise se termine. Les deux compères paient leur café allongé -pour Richi- et leur coca – pour Mario- avant d’aller se perdre dans la foule du quartier de Bellecour en pleine période des soldes au début du mois de Janvier 2023. Quelques jours avant la sortie du projet, l’heure est à la décontraction.